Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
SONNAILLES ET CLOCHETTES
1888
XL
Été
On dit à ce cruel Été, 8 a
Qui tanne la peau des gorilles : 8 b
Tu nous endors, comme un Léthé ; 8 a
Puis tu nous cuis et tu nous grilles. 8 b
5 Nous vivons, grâce à ton aplomb 8 a
Comme la colombe et les ânes, 8 b
Sous une calotte de plomb 8 a
Qui fond les cerveaux dans les crânes. 8 b
Été cruel, chacun se tut 8 a
10 Devant ton affreux monopole ; 8 b
Car on sent, comme à l'Institut, 8 a
L'étouffement d'une coupole. 8 b
Pourquoi remplir nos vastes cieux 8 a
De ton caprice et de tes rages ? 8 b
15 Quel appareil prétentieux 8 a
De fournaise et de faux orages ! 8 b
Ces orages, que tu prends soin 8 a
De balayer avec ta robe, 8 b
Filent, et puis s'en vont très loin, 8 a
20 Comme un caissier qui se dérobe. 8 b
Effarouchant les astres bleus 8 a
Effarés dans leur vol magique, 8 b
On ne sait jamais si tu pleus 8 a
Ou non. Rouge Été, sois logique. 8 b
25 Écoute-nous, dans tes donjons ! 8 a
Nous voulons, moyennant des sommes, 8 b
Savoir si c'est nous qui mangeons 8 a
Les biftecks, ou si nous les sommes. 8 b
Or, le féroce Été répond : 8 a
30 Homme, instruit jadis par la Muse, 8 b
La foire n'est pas sur le pont. 8 a
Je suis un roi. Le roi s'amuse. 8 b
Avant de manger les cerneaux, 8 a
Comme il est bon que l'homme souffre, 8 b
35 J'ai repris dans mes arsenaux 8 a
L'ouragan, la pluie et le soufre. 8 b
J'étale ainsi mon gai savoir 8 a
Et je sais égayer ma rate ; 8 b
Et je ris, lorsque après avoir 8 a
40 Balancé, mon dénoûment rate. 8 b
Comme en un désert libyen, 8 a
J'ai tari les mourantes sources. 8 b
Mais que voulez-vous ? il faut bien 8 a
Que l'on connaisse mes ressources. 8 b
45 Mon sourcil, quand je le fronçais, 8 a
A fait gémir la terre noire. 8 b
Comme Claretie aux Français, 8 a
Je reprends mon vieux répertoire. 8 b
Accrochant l'éther sur mes pas, 8 a
50 Je ne tonne pas, et je tonne. 8 b
Puis je pleus, et je ne pleus pas. 8 a
Voilà donc ce qui vous étonne ? 8 b
Je fleuris la rose et le lys. 8 a
Je sais charmer autant que nuire ; 8 b
55 Je fais un Alger de Senlis 8 a
Et, j'en conviens, j'aime à vous cuire. 8 b
Cependant on doit m'héberger ! 8 a
Tout cela n'est pas une pose. 8 b
Je le fais pour monsieur Berger 8 a
60 Et pour monsieur Alphand. — J'expose ! 8 b
mètre profil métrique : 8
forme globale type : suite périodique
schéma : 15(abab)
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