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Théodore de BANVILLE
TRENTE-SIX BALLADES JOYEUSES
1873
I
Ballade de ses regrets pour l'an mil huit cent trente
Je veux chanter ma ballade à mon tour ! 4+6 a
O Poésie, ô ma mère mourante, 4+6 b
Comme tes fils t'aimaient d'un grand amour 4+6 a
Dans ce Paris, en l'an mil huit cent trente ! 4+6 b
5 Pour eux les docks, l'autrichien, la rente, 4+6 b
Les mots de bourse étaient du pur hébreu ; 4+6 c
Enfant divin, plus beau que Richelieu, 4+6 c
Musset chantait, Hugo tenait la lyre, 4+6 d
Jeune, superbe, écouté comme un dieu. 4+6 c
10 Mais à présent, c'est bien fini de rire. 4+6 d
C'est chez Nodier que se tenait la cour. 4+6 a
Les deux Deschamps à la voix enivrante 4+6 b
Et de Vigny charmaient ce clair séjour. 4+6 a
Dorval en pleurs, tragique et déchirante, 4+6 b
15 Galvanisait la foule indifférente. 4+6 b
Les diamants foisonnaient au ciel bleu ! 4+6 c
Passât la Gloire avec son char de feu, 4+6 c
On y courait comme un juste au martyre, 4+6 d
Dût-on se voir écrasé sous l'essieu. 4+6 c
20 Mais à présent, c'est bien fini de rire. 4+6 d
Des joailliers connus dans Visapour 4+6 a
Et des seigneurs arrivés de Tarente 4+6 b
Pour Cidalise ou pour la Pompadour 4+6 a
Se provoquaient de façon conquérante, 4+6 b
25 La brise en fleur nous venait de Sorrente ! 4+6 b
A ce jourd'hui les rimeurs, ventrebleu ! 4+6 c
Savent le prix d'un lys et d'un cheveu ; 4+6 c
Ils comptent bien ; plus de sacré délire ! 4+6 d
Tout est conquis par des fesse-Mathieu : 4+6 c
30 Mais à présent, c'est bien fini de rire. 4+6 d
Envoi
En ce temps-là, moi-même, pour un peu, 4+6 c
Féru d'amour pour celle dont l'aveu 4+6 c
Fait ici-bas les Dante et les Shakspere, 4+6 d
J'aurais baisé son brodequin par jeu ! 4+6 c
35 Mais à présent, c'est bien fini de rire. 4+6 d
mètre profil métrique : 4+6
forme globale type : grande ballade
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