Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
BAN_10/BAN472
Théodore de BANVILLE
IDYLLES PRUSSIENNES
1871
Le Lion
Il fait nuit noire au fond de l'antre, 8 a
Où nul rayon ne vient fleurir, 8 b
Et c'est là, couché sur son ventre, 8 a
Que le grand Lion va mourir. 8 b
5 Sa longue chevelure pâle 8 a
S'affaisse sur son corps tremblant, 8 b
Et voici déjà que le râle 8 a
Sort de sa poitrine, en sifflant. 8 b
Or le Renard, plein de génie, 8 a
10 Vient, ainsi qu'un lâche irrité, 8 b
Insulter à cette agonie 8 a
Avec un cynisme effronté. 8 b
Il dit au Lion : — Pauvre Sire ! 8 a
La vie heureuse et libre fuit 8 b
15 Ton front plus blême que la cire, 8 a
Et tu vas rouler dans la nuit ! 8 b
Dans ta prunelle douloureuse 8 a
Que jadis caressait l'air pur, 8 b
Tu n'auras plus que l'ombre affreuse, 8 a
20 Sans astre, ni plafond d'azur. 8 b
Tu subiras l'éternel jeûne 8 a
Et les noirs épouvantements ; 8 b
Et moi je vivrai, je suis jeune ! 8 a
Je courrai dans les bois charmants, 8 b
25 Rapide, en mon ardeur furtive 8 a
Plongeant mes yeux dans l'horizon, 8 b
Et buvant aux ruisseaux d'eau vive 8 a
Qui murmurent dans le gazon ! 8 b
A moi l'inexprimable joie, 8 a
30 Quand j'aurai, grâce à mes talents, 8 b
Guetté, surpris ma faible proie, 8 a
D'en faire des lambeaux sanglants ! 8 b
Tel, en ce discours plein de haine, 8 a
Le Renard, épiant ses traits 8 b
35 Affaiblis dans l'ombre incertaine, 8 a
Triomphe du roi des forêts. 8 b
Mais lui, levant son œil où brille 8 a
Un rayon presque évanoui, 8 b
En écoutant ce Mascarille, 8 a
40 Il bâille avec un sombre ennui, 8 b
Et fier à son heure dernière 8 a
Comme un prince dans Ilion, 8 b
Il dit, secouant sa crinière : 8 a
Je meurs, mais je suis le Lion ! 8 b
mètre profil métrique : 8
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