Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BAN_10/BAN466
Théodore de BANVILLE
IDYLLES PRUSSIENNES
1871
Paris
Ainsi, les nuits dans les tranchées, 8 a
L'arme au pied, le froid et la faim, 8 b
Les dures souffrances cachées 8 a
D'une attente morne et sans fin ; 8 b
5 Les batailles, les escarmouches, 8 a
Le sang qui coule sur vos pas, 8 b
Et les fusillades farouches 8 a
D'un ennemi qu'on ne voit pas ; 8 b
L'ami qui tombe, l'ombre noire 8 a
10 Où le hasard seul est vainqueur ; 8 b
La retraite après la victoire, 8 a
Avec le désespoir au cœur ; 8 b
Les Parisiens gais et pâles, 8 a
Devenus soldats en un jour, 8 b
15 Ont subi ces angoisses mâles 8 a
Avec une extase d'amour. 8 b
Enfants d'une mère meurtrie 8 a
Qu'ils adorent tous à genoux, 8 b
Les yeux tournés vers la Patrie, 8 a
20 Ils ont dit à la Mort : Prends-nous ! 8 b
Les blessés, fiers de leur martyre, 8 a
Sans baisser leurs regards voilés, 8 b
Ont vu même avec un sourire 8 a
Tomber leurs membres mutilés. 8 b
25 Dans la forteresse où nous sommes, 8 a
Nous avons, sans reprocher rien, 8 b
Rapporté morts des jeunes hommes, 8 a
Et leurs mères ont dit : C'est bien. 8 b
Paris aux mille renommées 8 a
30 A levé son front de géant ; 8 b
Il a fait sortir des armées 8 a
De la misère et du néant. 8 b
Graveur sur l'or et l'améthyste, 8 a
Tenant son délicat burin, 8 b
35 Il a su, de sa main d'artiste, 8 a
Fondre les lourds canons d'airain. 8 b
Partout, du faubourg Saint-Antoine 8 a
A l'ancien boulevard de Gand, 8 b
Il a mangé son pain d'avoine 8 a
40 Avec un dandysme élégant ; 8 b
Et lorsque l'orage des bombes 8 a
A formidablement tonné 8 b
Sur nos palais et sur nos tombes, 8 a
Ses femmes n'ont pas frissonné. 8 b
45 Tel fut Paris en ses désastres. 8 a
Tel ce héros, dont le front bout, 8 b
Tint son cœur plus haut que les astres, 8 a
Saignant et lassé, mais debout ! 8 b
mètre profil métrique : 8
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