Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BAN_10/BAN465
Théodore de BANVILLE
IDYLLES PRUSSIENNES
1871
Celle qui reste
Allons ! applaudissez leurs drames. 8 a
Ici près, comme un noir tonnerre, 8 b
Un obus a frappé deux femmes, 8 a
Une jeune fille et sa mère. 8 b
5 Voyez, la jeune fille est morte. 8 a
Et la foule, mal résignée, 8 b
L'admire, gracieuse et forte 8 a
Et dans son sang toute baignée. 8 b
Elle ressemble aux fleurs vermeilles. 8 a
10 Pour élever cette enfant blonde, 8 b
La mère avait subi les veilles 8 a
Et l'enfer glacé, dès ce monde. 8 b
Pas de bois, peu de nourriture. 8 a
Mais elle était comme en délire 8 b
15 Quand l'enfant gracieuse et pure 8 a
La caressait dans un sourire ! 8 b
Elle se disait : Dans nos bouges 8 a
On a tout souffert : l'esclavage, 8 b
La faim, le froid ; mes yeux sont rouges ; 8 a
20 Mais j'ai gardé ma fille sage ! 8 b
Elle est simple, docile et juste, 8 a
Elle ne sera pas légère, 8 b
Quelque bon ouvrier robuste 8 a
La prendra pour sa ménagère : 8 b
25 Et l'ayant nourrie et baisée 8 a
Comme une mère valeureuse, 8 b
Ce jour-là, je mourrai brisée 8 a
Et bien lasse, mais bien heureuse. 8 b
Illusions ! songe qui navre ! 8 a
30 L'obus est tombé là : qu'importe ! 8 b
La jeune fille est un cadavre : 8 a
Elle ouvre son grand œil de morte 8 b
Où nul rayon ne se reflète ; 8 a
Et la voilà bien trépassée 8 b
35 Avec sa lèvre violette… 8 a
Mais la mère n'est que blessée. 8 b
mètre profil métrique : 8
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