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Théodore de BANVILLE
IDYLLES PRUSSIENNES
1871
L'Empereur
L'empire est fait. Le roi, que flatte 8 a
L'Europe, attentive à son jeu, 8 b
Marche dans la pourpre écarlate 8 a
Et tient en main le globe bleu. 8 b
5 Tandis que les rois, dans leur force, 8 a
Ne sont que Victor ou que Jean, 8 b
Superbe, il peut couvrir son torse 8 a
De la cuirasse de Trajan. 8 b
Il est le divin porte-glaive ; 8 a
10 Et les Allemands indécis 8 b
N'osent plus affronter qu'en rêve 8 a
Le froncement de ses sourcils. 8 b
Cachant son regard insondable, 8 a
Ainsi qu'une idole d'airain, 8 b
15 Il pose sa main formidable 8 a
Sur l'épaule du dieu du Rhin. 8 b
L'univers avec lui respire ! 8 a
Mais tout à coup, — est-ce un hasard ? 8 b
Vibre un énorme éclat de rire, 8 a
20 Qui raille le nouveau César. 8 b
Qui donc ? lui ! comme un roi vulgaire, 8 a
On le raille ! O deuil ! ô courroux ! 8 b
Assemblez les conseils de guerre, 8 a
Et graissez à neuf les verrous ! 8 b
25 Cherchez une tombe bien noire 8 a
Qui cache au monde extérieur 8 b
Cet insulteur de votre gloire, 8 a
Cet être effronté, ce rieur ! 8 b
Non, non, ne dérangez personne, 8 a
30 Geôliers de l'empire naissant ; 8 b
Car ce rire effrayant qui tonne, 8 a
Ce grand rire retentissant, 8 b
Ce rire surhumain qui roule 8 a
De la terre jusqu'au ciel bleu, 8 b
35 Fort comme celui d'une foule 8 a
Et clair comme celui d'un dieu, 8 b
Et qui fait trembler l'Allemagne, 8 a
Sort, beau de joie et de fureur, 8 b
De la tombe de Charlemagne : 8 a
40 C'est Lui qui rit, Lui, l'Empereur ! 8 b
mètre profil métrique : 8
forme globale type : suite périodique
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