Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
BAN_10/BAN433
Théodore de BANVILLE
IDYLLES PRUSSIENNES
1871
Le Moineau
Rien n'est plus utile, rien n'est meilleur
que d'avoir des ailes.
Aristophane, Les Oiseaux.
Nous traversions une prairie 8 a
Dont le gazon à ciel ouvert 8 b
Brillait d'un éclat de féerie ; 8 a
Et sur son riant tapis vert, 8 b
5 D'où s'enfuit la blanche colombe 8 a
Emportant son léger fardeau, 8 b
Nous vîmes un éclat de bombe 8 a
Que la pluie avait rempli d'eau. 8 b
Tirailleur précédant sa troupe, 8 a
10 Un oiselet, un moineau-franc 8 b
Buvait à cette large coupe, 8 a
Dont le dehors, taché de sang, 8 b
Était enfoncé dans la boue. 8 a
Sans songer à rien de fatal, 8 b
15 L'oiseau folâtre, qui se joue, 8 a
Y buvait le flot de cristal. 8 b
Dans la prairie, où se lamente 8 a
Le zéphyr aux parfums errants, 8 b
Je vis cette chose charmante, 8 a
20 Et je m'écriai : Je comprends ! 8 b
Je comprends enfin. O prairie, 8 a
Sous ton beau ciel aérien 8 b
Ceux qui font la rouge tuerie 8 a
Ne l'auront pas faite pour rien ! 8 b
25 Je disais parfois, je l'avoue, 8 a
Pensant à ce qui nous est cher : 8 b
A quoi sert le canon qui troue 8 a
Toutes ces murailles de chair ? 8 b
A quoi bon tant de meurtrissures ? 8 a
30 Et, sous la mitraille de feu, 8 b
Toutes ces lèvres des blessures 8 a
Que l'on entend crier vers Dieu ? 8 b
Guerre ! il faut que tu me révèles 8 a
Pourquoi tes coursiers, en chemin, 8 b
35 Foulent des débris de cervelles 8 a
Où vivait le génie humain ! 8 b
Oui, je parlais ainsi, poëte 8 a
Ayant en souverain mépris 8 b
La bataille, sinistre fête. 8 a
40 Mais, à présent, j'ai tout compris ! 8 b
Non, ce hideux massacre, où l'homme 8 a
Égorge l'homme sans remords, 8 b
N'était pas inutile, en somme, 8 a
Puisque les amas de corps morts, 8 b
45 Tant de dépouilles méprisées, 8 a
Ces pâles cadavres cloués 8 b
A terre, ces têtes brisées, 8 a
Tous ces affreux ventres troués 8 b
Aboutissent à quelque chose. 8 a
50 Car s'éveillant, ô mes amis, 8 b
Sous le regard de l'aube rose, 8 a
Ce champ plein de morts endormis, 8 b
Ce charnier de deuil et de gloire 8 a
Au souffle pestilentiel, 8 b
55 A la fin sert à faire boire 8 a
Un tout petit oiseau du ciel ! 8 b
mètre profil métrique : 8
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