Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BAN_10/BAN420
Théodore de BANVILLE
IDYLLES PRUSSIENNES
1871
Un Prussien mort
Couché par terre dans la plaine 8 a
Sous une aigre bise du nord 8 b
Qui le fouettait de son haleine, 8 a
Nous vîmes un Prussien mort. 8 b
5 C'était un bel enfant imberbe, 8 a
N'ayant pas dix-huit ans encor. 8 b
Une chevelure superbe 8 a
Le parait de ses anneaux d'or, 8 b
Et sur son cou, séchée et mate, 8 a
10 Faisant ressortir sa pâleur, 8 b
La large blessure écarlate 8 a
S'ouvrait comme une rouge fleur. 8 b
Il montrait son regard sans flamme, 8 a
Étendant ses bras onduleux, 8 b
15 Et l'on eût dit que sa jeune âme 8 a
Errait encor dans ses yeux bleus. 8 b
Il dormait, le jeune barbare, 8 a
Avec un doux regard ami ; 8 b
Un volume grec de Pindare 8 a
20 Sortait de sa poche à demi. 8 b
C'était un poëte peut-être, 8 a
Divin Orphée, un de tes fils, 8 b
Qui pour un caprice du maître 8 a
Est mort là, brisé comme un lys. 8 b
25 Ah ! sans doute, au bord de la Sprée, 8 a
Une belle enfant de seize ans 8 b
A la chevelure dorée 8 a
En versera des pleurs cuisants, 8 b
Et toujours parcourant la route 8 a
30 Qu'il suivait en venant les soirs, 8 b
Une mère de plus sans doute 8 a
Portera de longs voiles noirs. 8 b
Il est parti bien avant l'heure, 8 a
Jeune et pur, sans avoir pleuré. 8 b
35 Pour quel crime faut-il qu'il meure, 8 a
Cet enfant à l'œil inspiré ? 8 b
Peut-être que sa mort est juste, 8 a
Et ne sera qu'un accident 8 b
S'il se peut que son maître auguste 8 a
40 Devienne empereur d'Occident, 8 b
Et qu'en sa tragique folie, 8 a
Monsieur le chancelier Bismarck 8 b
Prenne d'une main l'Italie 8 a
Et de l'autre le Danemark ! 8 b
45 Ah ! Bismarck, si tu continues, 8 a
De ces beaux enfants chevelus 8 b
Aux douces lèvres ingénues 8 a
Bientôt il n'en restera plus ! 8 b
mètre profil métrique : 8
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