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| = césure
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Théodore de BANVILLE
Les Cariatides
1842
LIVRE DEUXIÈME
SONGE D'HIVER
XII
Chose horrible ! Ils n'étaient d'abord que quelques-uns 6+6 a
Noyant leur âme vierge à ces âcres parfums ; 6+6 a
Mais bientôt une foule 6 b
Au festin monstrueux s'amassa follement, 6+6 c
5 Et je les vis tomber, privés de sentiment, 6+6 c
Comme un mur qui s'écroule. 6 b
Ils allaient ! Déchirés par quelque étrange faim, 6+6 a
Sans entrevoir le but, sans regarder la fin, 6+6 a
Pris dans un noir vertige ; 6 b
10 Et chacun, l'œil éteint et le front dans les cieux, 6+6 c
Tombait, en murmurant des mots harmonieux, 6+6 c
Lys inclinant sa tige. 6 b
Et l'ivresse augmenta. Par degrés, éperdus 6+6 a
Tous chancelaient. À voir tous leurs corps étendus 6+6 a
15 Près du marbre des portes, 6 b
On eût dit, aux glaçons, à la blancheur de lys 6+6 c
De ces rêveurs couchés, une nécropolis 6+6 c
Pleine de choses mortes. 6 b
Alors, plus j'en voyais tomber autour de moi, 6+6 a
20 Hasard étrange ! Et plus dans un divin émoi 6+6 a
Je me sentais revivre. 6 b
Enfin, glacé d'attente et chaud de leurs baisers, 6+6 c
Je sentis tressaillir mes membres embrasés 6+6 c
Et je voulus les suivre. 6 b
25 Mais la vierge à la lyre eut un air abattu 6+6 a
Et me prit par la main en disant : connais-tu 6+6 a
Ces deux beautés de neige ? 6 b
Moi je voulus partir et je répondis : non ! 6+6 c
—L'une est la volupté, dit-elle, c'est son nom. 6+6 c
30 —et l'autre ? Demandai-je. 6 b
—Cette fille si pâle, aux baisers si nerveux, 6+6 a
Qui se laisse oublier et dort dans ses cheveux ? 6+6 a
C'est la mort qu'on la nomme. 6 b
Et malgré ces deux noms effrayants, j'allai pour 6+6 c
35 Baiser aussi les seins des vénus, fou d'amour 6+6 c
N'ayant plus rien d'un homme. 6 b
Dès le premier baiser je ne sais quelle peur 6+6 a
Me vint, et je fléchis, livide de stupeur, 6+6 a
Comme en paralysie. 6 b
40 À mon réveil, autour du lustre qui pâlit, 6+6 c
Ces visions fuyaient. Seule auprès de mon lit 6+6 c
Restait la poésie. 6 b
C'est l'enfant à la lyre, aux célestes amours, 6+6 a
Que depuis j'ai suivie, et que je suis toujours 6+6 a
45 Dans son chemin aride. 6 b
Voilà pourquoi, souvent sur mon front fatigué, 6+6 c
On voit, dans les éclats du rire le plus gai, 6+6 c
Grimacer une ride. 6 b
mètre profils métriques : 6, 6+6
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