Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
ARV_1/ARV7
Félix ARVERS
POÉSIES
1833
MES HEURES PERDUES
Le Commencement de l'Année
Écoutez bien : l'heure est sonnée ; 8 a
La dernière du dernier jour, 8 b
Le dernier adieu d'une année 8 a
Qui vient de s'enfuir sans retour ! 8 b
5 Encore une étoile pâlie ; 8 c
Encore une page remplie 8 c
Du livre immuable du Temps ! 8 d
Encore un pas fait vers la tombe, 8 e
Encore une feuille qui tombe 8 e
10 De la couronne de nos ans ! 8 d
Et toi qui viens à nous, jeune vierge voilée, 6+6 a
Dis-nous, dois-tu passer joyeuse ou désolée ? 6+6 a
Apprends-nous les secrets enfermés dans ta main : 6+6 b
Quels dons apportes-tu dans les plis de ta robe, 6+6 c
15 Vierge ; et qui nous dira le mot que nous dérobe, 6+6 c
Le grand mystère de demain ? 8 b
Dois-tu, comme la bien-aimée 8 a
Au souffle du vent matinal, 8 b
Passer rieuse et parfumée 8 a
20 Des senteurs du lit virginal ? 8 b
Dois-tu nous apparaître amère 8 c
Comme la douleur d'une mère 8 c
Au tombeau de ses enfans morts. 8 d
Ou, comme un lamentable drame, 8 e
25 Laisser pour adieu dans notre âme 8 e
Le désespoir et le remords ? 8 d
Mais qu'importe, mon Dieu, ce que ta main enserre 6+6 a
De pluie ou de soleil, de joie ou de misère ! 6+6 a
Pourquoi tenter si loin le muet avenir ? 6+6 b
30 Combien, dans cette foule à la mort destinée. 6+6 c
Qui voyant aujourd'hui commencer cette année. 6+6 c
Ne doivent pas la voir finir ! 8 b
Moi-même, qui fais le prophète. 8 a
Que sais-je, hélas ! si ce flambeau 8 b
35 Qui m'éclaire dans une fête 8 a
Ne luira pas sur mon tombeau ? 8 b
Peut-être une main redoutable 8 c
M'entraînera hors de la table 8 c
Avant le signal de la fin. 8 d
40 Comme une marâtre inhumaine 8 e
Qui guette un enfant, et l'emmène 8 e
Sans qu'il ait assouvi sa faim. 8 d
Et l'homme cependant, si pauvre et si fragile. 6+6 a
Passager d'un moment dans sa maison d'argile, 6+6 a
45 Misérable bateau sur l'Océan jeté, 6+6 b
Dans cet amas confus de rumeurs incertaines, 6+6 c
Sent au fond de son cœur comme des voix lointaines 6+6 c
Qui lui parlent d'éternité. 8 b
Et quoiqu'un terrible mystère 8 a
50 Lui laisse ignorer pour toujours 8 b
Si sa part d'avenir sur terre 8 a
Se compte par ans ou par jours, 8 b
Il croit, dans sa pensée altière. 8 c
Que pour jamais à la matière 8 c
55 Ce rayon de l'âme est uni : 8 d
Il cherche un but insaisissable : 8 e
Pour le rocher prenant le sable. 8 e
Et l'inconnu pour l'infini. 8 d
Mais regarde en arrière, et compte tes années, 6+6 a
60 Si promptes à fleurir et si vite fanées : 6+6 a
Celles-là ne devaient non plus jamais finir : 6+6 b
Qu'à des rêves moins longs ton âme s'abandonne, 6+6 c
Imprudent ! et du moins que le passé te donne 6+6 c
La mesure de l'avenir. 8 b
65 Toutefois de l'an qui commence 8 a
Saluons la nativité, 8 b
Cet anneau de la chaîne immense 8 a
Qui se perd dans l'éternité ; 8 b
Et s'il est vrai que cette année 8 c
70 Par grâce encor nous soit donnée, 8 c
N'usons pas nos derniers instans 8 d
A chercher si de son visage 8 e
Ce voile épais est le présage 8 e
De la tempête ou du beau temps. 8 d
75 Et vous tous, mes amis, vous qui sur cette terre 6+6 a
Semez d'ombre et de fleurs mon sentier solitaire, 6+6 a
Des biens que je n'ai pas puisse Dieu vous doter ; 6+6 b
Sitôt que la clarté doive m'être ravie, 6+6 c
Puisse-t-il ajouter aux jours de votre vie 6+6 c
80 Ceux qu'il lui plaira de m'ôter ! 8 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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