Métrique en Ligne
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F = "e" féminin
| = césure
ARV_1/ARV6
Félix ARVERS
POÉSIES
1833
MES HEURES PERDUES
Bury
A MADAME F. T.
I
Lorsque le jeune Edgard, après bien des années, 6+6 a
Au seuil de son château s'en vint heurter un soir, 6+6 b
Traversa lentement les cours abandonnées, 6+6 a
Et près du vieux foyer voulut enfin s'asseoir, 6+6 b
5 Il vit avec douleur au manoir de ses pères 6+6 a
Les créneaux sans soldats et les murs délabrés, 6+6 b
Et sentit en marchant se dresser les vipères 6+6 a
Que cachait sous ses pas la ronce des degrés. 6+6 b
Quoique le vieux Caleb, honteux de sa détresse, 6+6 a
10 La cachât de son mieux ; comme en un soir d'été, 6+6 b
Surprise au bord des eaux, la jeune chasseresse 6+6 a
Aux regards du passant voile sa nudité ; 6+6 b
Edgard vit bien au front de ces tours inclinées 6+6 a
Ce sillon que le temps avait fait si profond, 6+6 b
15 Et sentit d'un seul coup tout le poids des années 6+6 a
Retomber sur son cœur et bondir jusqu'au fond. 6+6 b
Pourtant c'était la loi. Dieu veut que sur sa trace, 6+6 a
Sans pitié ni remords, comme un vieux meurtrier, 6+6 b
Le temps entraîne tout : le peuple après la race, 6+6 a
20 L'arbuste après la fleur, l'œuvre après l'ouvrier. 6+6 b
II
Mais moi, qu'ai-je éprouvé, lorsque sous votre ombrage, 6+6 a
Après quatre ans passés, retraites de Bury, 6+6 b
Ainsi qu'un voyageur surpris par un orage. 6+6 a
Je vins, triste déjà, demander un abri ? 6+6 b
25 Enfans, durant l'hiver, pour égayer nos veilles, 6+6 a
On nous a tous con que, dans cet heureux temps 6+6 b
Que Perrault a peuplé de naïves merveilles, 6+6 a
Une belle princesse avait dormi cent ans ; 6+6 b
Et lorsque la vertu de quelque anneau magique 6+6 a
30 Eut enfin secoué cet étrange sommeil, 6+6 b
Après ce siècle entier d'un repos léthargique, 6+6 a
Elle sortit du bois jeune et le teint vermeil ; 6+6 b
Oh ! moi j'ai cru renaître à ces jours de féerie, 6+6 a
Comme elle, à son réveil, voyant à mon retour 6+6 b
35 La demeure aussi neuve et l'herbe aussi fleurie, 6+6 a
Et l'ombrage aussi frais des arbres d'alentour. 6+6 b
Le Temps, ce vieux faucheur, qui renverse et qui passe. 6+6 a
Semblait avoir pour moi fixé ses pas errans. 6+6 b
Comme si dans ce coin oublié de l'espace 6+6 a
40 Quelque autre Josué l'eût arrêté quatre ans. 6+6 b
Les hôtes qui jadis accueillaient mon Jeune âge, 6+6 a
Paraissaient réunis pour attendre au festin 6+6 b
Le retour d'un enfant qui, pour le voisinage. 6+6 a
Voulant voir ses amis, est parti le matin. 6+6 b
45 Ils avaient parcouru cette vie escarpée 6+6 a
Exempts des noirs chagrins si prompts à l'assaillir. 6+6 b
Et, dans sa voie étroite et de ravins coupée, 6+6 a
Marché sans se lasser, et vécu sans vieillir. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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