Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
AME_1/AME3
corpus Pamela Puntel
Ernest AMELINE
CHANTS D’EXIL
1870
PROMENADE
A MADEMOISELLE E… D…
Lorsque, dans notre exil, quelque bruit de victoire, 6+6 a
Rendant à nos soldats leur prestige et leur gloire, 6+6 a
Dans nos cœurs abattus verse un peu de bonheur, 6+6 b
Nous gravissons, joyeux, la colline prochaine, 6+6 c
5 Pour aspirer des flots la bienfaisante haleine, 6+6 c
Et des bois la bonne senteur. 8 b
Assis sous un berceau de branches enlaes, 6+6 a
Nous laissons s’égarer nos riantes penes 6+6 a
Vers l’Océan qui gronde au loin tumultueux ; 6+6 b
10 Nos yeux suivent aussi sur le lointain rivage 6+6 c
Deux barques naviguant dans un même sillage, 6+6 c
Comme deux cygnes amoureux. 8 b
En nombreux bataillons, les oiseaux de passage, 6+6 a
De la plage à la mer, de la mer à la plage, 6+6 a
15 Tracent de grands circuits, poussent des cris perçants, 6+6 b
Et, se posant enfin sur la vague profonde, 6+6 c
Ils se laissent bercer par le courant de l’onde, 6+6 c
En offrant leurs ailes aux vents. 8 b
Mais suivons le chemin qui mène au cimetière. 6+6 a
20 — Par le mur écroulée de couvert de bruyère, 6+6 a
D’humbles croix de bois noir sur de récents tombeaux 6+6 b
Nous font songer au dieu qui retient ou dispense 6+6 c
Au faible ainsi qu’au fort ses trésors d'espérance, 6+6 c
Qui seul peux abréger nos maux. 8 b
25 Plus loin, en blancs flocons s’élève une fue 6+6 a
D’un pittoresque toit tout couvert de rae, 6+6 a
Qu’un rideau de grands pins abrite des frimas : 6+6 b
Au seuil de la maison, guettant notre passage, 6+6 c
Se tiennent deux enfants à l'allure sauvage, 6+6 c
30 Qui volent jusque dans nos bras. 8 b
Enfin nous côtoyons la profonde clairière 6+6 a
Qui contourne l'église est le saint monastère 6+6 a
Ou des moines pieux en ce trouver un port : 6+6 b
Asile proté par la Vierge des Passes, 6+6 c
35 Dans la main, à tout l'heure, à travers les espaces, 6+6 c
Dispute un marin à la mort. 8 b
De ces prédestinés aux vêtements de bure, 6+6 a
Aux sandales de bois, l'ascétique figure 6+6 a
Reçoit sous les arceaux des célestes reflets ; 6+6 b
40 La croix dans une main, les flancs ceints d'une corde, 6+6 c
Ils vont prêchant partout le pardon, la concorde, 6+6 c
Dans les châteaux, dans les chalets. 8 b
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Tout à coup retentit dans la haute tourelle 6+6 a
La cloche d'agonie. Au seuil de la chapelle, 6+6 a
45 Un père, jeune encor, promptement s’est rendu ; 6+6 b
Puis il est ressorti portant le pain des anges ; 6+6 c
Sa bouche du Seigneur murmurait les louanges ; 6+6 c
À la grève il est descendu. 8 b
Une barque attendais… contre le mât qui penche, 6+6 a
50 Lorsque je vis flotter sa longue robe blanche, 6+6 a
Quand je vis ses deux bras étendus pour bénir, 6+6 b
Je me souvins du Christ apaisant la tempête, 6+6 c
Calme, majestueux, s’avançant sur la crête 6+6 c
Des flots ouverts pour l'engloutir. 8 b
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
55 Dans un but moi chrétien, vers le prochain rivage 6+6 a
Laissons-nous emporter !… La sablonneuse plage 6+6 a
Qui, du côté du nord, limite l'horizon, 6+6 b
N’a jamais de printemps… C'est un désert aride ; 6+6 c
La fleur y pousse à peine et sur la lande humide 6+6 c
60 Pas une trace de gazon ! 8 b
Seul, un phare imposant s’élève sur la grève 6+6 a
Où mugit l'Atlantique, où, sans repos ni trêve, 6+6 a
Il lance son écume à son front sourcilleux. 6+6 b
La nuit, lorsque les flots roulent comme un tonnerre, 6+6 c
65 Du céleste fanal tombe un jet de lumière 6+6 c
Qui rend l’espoir aux malheureux. 8 b
Nous gravissons la tour… O spectacle admirable ! 6+6 a
Près d'un océan d'eau, des océans de sable ! 6+6 a
Point d’arbres ! point d’abris ! Partout l’immensité ! 6+6 b
70 Des éléments en feu qui semblent se confondre, 6+6 c
Rouler comme une lave et puis enfin se fondre 6+6 c
Au gouffre de l’Éternité ! ! ! 8 b
D'une antique ci j'appelle en vain l'image ! 6+6 a
Comme aux rives du Nil, sur cette aride plage, 6+6 a
75 Je voudrais raviver un passé triomphant ! 6+6 b
J'évoque de Memphis les palais et les tombes ! 6+6 c
Des siècles disparus les grandes hécatombe !… 6+6 c
Rien ! rien ! pas même un pied d'enfant ! ! ! 8 b
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Mets un cri nous arrache à ce tableau sublime : 6+6 a
80 « Allons ! vite à la voile ! Au loin blanchit la cime 6+6 a
Des flots dont le retour doit nous conduire au port. 6+6 b
Coupons le golfe, avant que la barre implacable 6+6 c
Sur le banc de Matoc au ressac redoutable, 6+6 c
Nous jette en pâture à la mort. » 8 b
85 Lors, un dernier regard parcourt la double rive, 6+6 a
Symbole de la vie, où toute âme pensive 6+6 a
De joie et de douleur voit tous nos jours tissés : 6+6 b
Sur l’une, le Printemps, l’Avenir, la Jeunesse ! 6+6 c
Sur l'autre, le Trépas frappant, frappant sans cesse, 6+6 c
90 Sans que Dieu dise : C’est assez ! 8 b
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Nonchalamment couchés au fond de la nacelle, 6+6 a
Nous nous laissons porter vers l’Antique Chapelle 6+6 a
En rasant le rivage et longeant le coteau. 6+6 b
Pas un bruit sous le ciel, hors la vergue qui crie, 6+6 c
95 Et le flot qui nous pousse à la mère patrie, 6+6 c
Comme dans un léger berceau ! 8 b
Au loin, voici dé la coupole mauresque 6+6 a
Et les arceaux coquets du temple gigantesque, 6+6 a
Dans des temps plus heureux asile des plaisirs ; 6+6 b
100 Puis enfin, tel qu’un nid perdu dans les ombrages, 6+6 c
Un sémillant chalet tout couvert de feuillages 6+6 c
Où s’envolent tous nos soupirs ! 8 b
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■ 28 janvier 1871.
Ce jour là, nous allons par un chemin oblique 6+6 a
Arriver lentement sur notre toit rustique, 6+6 a
105 Quand un cri tout à coup… de quel nom l'appeler ? 6+6 b
Nous glace de terreur ! quel est donc notre crime, 6+6 c
Pour que la France en deuil roule au fond de l'abîme ? 6+6 c
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... Paris vient de capituler ! ! ! 8 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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