Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
AIC_2/AIC20
Jean AICARD
Les Jeunes Croyances
Le Rachat de la Tour
1867
II
IV
À M. VICTOR DE LAPRADE
Devant les flots heureux qui baignent les rivages 6+6 a
De la douce Provence où vous passiez un jour, 6+6 b
Vous avez accordé votre lyre, et ces plages 6+6 a
Nous redisent sans fin l’hymne de votre amour ! 6+6 b
5 Au foyer maternel, après un an d’absence, 6+6 a
Libre écolier, j’allais fêter ma liberté ; 6+6 b
Sur les bords de la mer, dans toute ma Provence, 6+6 a
J’entendis votre chant par les cœurs répété. 6+6 b
Je vis s’épanouir vos vers pleins d’harmonie : 6+6 a
10 Je moissonnai ces fleurs, et je partis encor ; 6+6 b
J’emportais un écho de la mer infinie ; 6+6 a
J’emportais un parfum : j’ai gardé ce trésor. 6+6 b
Ah ! puisque vous aimez cette rive fleurie 6+6 a
Où le poëte ému se sent plus près de Dieu ; 6+6 b
15 Puisque vous la chantez et qu’elle est ma patrie, 6+6 a
Que votre âme s’allume à son beau ciel en feu ; 6+6 b
Puisque vous désirez vivre, mourir peut-être, 6+6 a
Aux lieux dont votre amour vous a nommé l’enfant, 6+6 b
Poëte, permettez ; permettez, ô mon maître, 6+6 a
20 Que je vienne, exilé, vous parler un instant ! 6+6 b
Ô fils de mon pays, veuillez être mon frère ; 6+6 a
Mes yeux, jadis riants, de larmes sont noyés : 6+6 b
Je pleure mon exil en songeant à ma mère, 6+6 a
Et j’apporte mon cœur débordant à vos pieds ! 6+6 b
25 Bien des fois vous avez consolé ma souffrance, 6+6 a
Et je vous ai béni, poëte, bien des fois, 6+6 b
Car vous me ramenez, tressaillant d’espérance, 6+6 a
Au bord de mes flots bleus, au fond de vos grands bois ! 6+6 b
Vous donnez pour le ciel des ailes à mon âme ; 6+6 a
30 En chantant la Justice et le Droit, ô penseur, 6+6 b
De mes espoirs éteints vous rallumez la flamme 6+6 a
L’enfant même a souvent le doute au fond du cœur ! 6+6 b
Quand la hache sonore ébranle le vieux chêne, 6+6 a
Je gémis avec vous sur son funeste sort ; 6+6 b
35 Si je songe avec joie à notre vie humaine, 6+6 a
Vous me faites comprendre et célébrer la mort ! 6+6 b
Pour toutes mes douleurs vous avez une larme, 6+6 a
Un mot qui me pénètre, un mot harmonieux ; 6+6 b
Votre luth murmurant répand un divin charme, 6+6 a
40 Et le sourire aux pleurs se mêle dans mes yeux ! 6+6 b
Le poëte est toujours sensible à la parole 6+6 a
D’un cœur reconnaissant qui lui dit : Oh ! merci, 6+6 b
Chanteur, homme sacré dont la voix me console, 6+6 a
Laissez-moi vous aimer et vous le dire aussi. 6+6 b
45 Laissez-moi vous aimer : vous chantez la Nature ; 6+6 a
Des vents dans les forêts vous notez les concerts, 6+6 b
Et vous en traduisez l’ineffable murmure ; 6+6 a
Dieu, comme le soleil, resplendit en vos vers ! 6+6 b
Laissez-moi vous aimer : de ma chère patrie 6+6 a
50 Nous avez fait plus doux le nom mélodieux ; 6+6 b
On comprend, aux accents de votre âme attendrie, 6+6 a
Que votre muse, au front étoilé, vient des cieux ! 6+6 b
Votre muse est un ange au manteau de lumière, 6+6 a
Un esprit couronné d’éternelles clartés ; 6+6 b
55 Votre Génie, ô fils pieux, c’est votre mère : 6+6 a
Son luth est votre cœur ; il vibre, et vous chantez ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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